La spirale du déclassement (Seuil, 1er septembre) by Chauvel Louis

La spirale du déclassement (Seuil, 1er septembre) by Chauvel Louis

Auteur:Chauvel, Louis [Chauvel, Louis]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2016-09-02T22:00:00+00:00


La mobilité descendante

Un autre aspect préoccupant des difficultés sociales des nouvelles générations relève de la mobilité sociale d’une génération à l’autre. Pour ceux qui se soucient du devenir de leur entourage, ce fait est évident : il est difficile de se maintenir au niveau socio-économique de ses parents, et suivre la pente descendante est une tendance banale sinon générale. Cette idée est néanmoins vigoureusement combattue par quelques collègues29, de façon péremptoire.

D’abord, à un niveau général, le déclassement intergénérationnel relève avant tout de la simple mécanique des fluides : dans l’état de la société pré-Trente Glorieuses, dans les années 1930 par exemple, il n’existait pas encore de classe moyenne salariée de haute densité, alors qu’au contraire la structure des années 1970 est fondée sur la constitution d’un tel noyau de la société postindustrielle. La mobilité ascendante massive, dite structurelle, a caractérisé le groupe social et la génération qui ont connu l’extension maximale de la moyennisation : pour les jeunes diplômés des années 1970, se situer dans une position sociale inférieure à celle de leurs parents était peu banal, et disposer d’un niveau de vie moindre à peu près impossible – sauf parfois pour les enfants de la haute bourgeoisie. Ensuite, lorsque les transformations de la structure sociale se ralentissent, les jeunes connaissent des positions relativement moins favorables, d’autant que la génération des parents est maintenant celle de la moyennisation. Lorsque les parents sont au sommet, la perspective de la stagnation n’est pas la pire. Les premières générations du baby-boom ont bénéficié en quelque sorte d’une situation favorable à un point inédit. Ces courants ascendants ayant connu un emballement dans les années 1970, dans le contexte des investissements massifs de l’époque, puis l’inversion des années 1980 dont nous parlons ici, la résultante en termes de différence de prestige moyen des positions occupées par les enfants par rapport à celles de leurs parents correspond simplement à ce retournement. Pour les cohortes des années 1980, la stagnation est une réalité moyenne alors que, dans celles des années 1940, le prestige social s’est considérablement amélioré d’une génération à l’autre, et que, au contraire, pour ceux nés dans les années 1920, les perspectives étaient nettement plus défavorables.



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